vendredi 26 mars 2010

"Juste avant l'hiver" de Françoise Henry




Juste avant l'hiver de Françoise Henry, Grasset, mars 2009, 187p


Une tenancière d'un café à Prague que la vie a rempli de rancœur raconte l'histoire d'une de ses serveuses, Anna, histoire qui ressemble à la sienne.
Le ton est dur, car la "tenancière" est amère. Elle s'adresse pleine de haine, de jalousie mais aussi d'empathie à Anna, dont elle raconte et imagine l'histoire.
Prague n'est malheureusement pas vraiment présent, l'univers se réduisant au café glauque et vert où évoluent les personnages. Le monde est oppressant, policé, surveillé.
On assisté à l'émergence d'un amour, aux difficultés qu'il rencontre et à sa fin.
L'amant d'Anna lui sera mystérieusement enlevé et sera donné pour mort, la laissant seule devant le choix de croire ou non en cette mort.

Passé la surprise d'une narration originale, ce choix lasse très vite. De plus il favorise les répétitions sans fin de prénom de la part de la tenancière "Anna ceci, Anna etc. ", ce qui est très lourd. Malgré un petit nombre de pages, on s'ennuie rapidement, et je trouve le roman définitivement trop long.

jeudi 25 mars 2010

"Bartabas, roman" de Jérôme Garcin

Bartabas, roman, Jérôme Garcin, Gallimard, 2004, 233p

Ce livre permet de découvrir la vie, les ambitions et le caractère de Bartabas.
C'est donc un portrait réalisé ici : non pas une simple description de la personne, mais une véritable invitation à découvrir son univers, par son enfance, ses expériences mais aussi par la rencontre des personnes avec qui il a vécu et/ou travaillé, par le résumé de ses spectacles et par ses chevaux.

On y découvre la vie romanesque, qu'il a choisi et a mené avec obstination et chance, la passion sauvage qui l'anime et son incroyable rapport avec les chevaux (et notamment avec Zingaro).
Ce livre est aussi l'occasion d'apercevoir en filigrane le monde de l'équitation, et ses nombreuses conventions souvent mises à mal par Bartabas.

Le style est recherché et sort du cadre de la simple biographie. L'ensemble est donc toujours bien écrit, cependant j'ai trouvé ce style parfois trop lourd et trop maniéré. "L'auteur se regarde écrire".
Le cheval est au centre du récit et Jérôme Garcin, passionné, utilise aussi le vocabulaire précis voire technique du monde équestre.

à conseiller : aux amateurs de chevaux, de théâtre,... ce roman se lit facilement, mais donne plus envie d'aller voir un spectacle de Bartabas que de lire un autre livre de Garcin.

"La maison biscornue" d'Agatha Christie


De nouveau, un livre d'Agatha Christie. Même si ce n'est pas son "chef-d'œuvre", la maison biscornue se lit bien et offre histoire intrigante, galerie de personnages loufoques et bien sûr humour anglais.
Bref on passe de nouveau un bon moment à essayer les différentes hypothèses, mais c'est un livre qui ne peut plaire qu'aux amateurs du genre policier.

jeudi 11 mars 2010

"Le goût des pépins de pomme" de Katharina Hagena



Le goût des pépins de pomme
de Katharina Hagena, Ed. Anne Carrière, Paris, 2010, 267p

Présentation de l'éditeur :

A la mort de Bertha, ses trois filles, Inga Harriet et Christa, et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. A sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu'elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin qui l'entoure, ses souvenirs se réveillent, reconstituant l'histoire émouvante, parfois rocambolesque, mais essentiellement tragique, de trois générations de femmes. Katharina Hagena nous livre ici un grand roman sur le thème du souvenir et de l'oubli.

Un nouveau roman remarquable en ce début d'année 2010 !

La construction mêle le temps présent et le passé avec originalité, faisant parfois perdre au lecteur ses repères en rappelant ainsi le caractère capricieux des souvenirs. Iris, le personnage principal, va nous faire découvrir trois générations, inscrites autour de cette maison de famille dont elle hérite. Les destins de ses femmes sont en fait inscrits autour des pommiers qui cadrent la maison et le roman, puisque chaque évènement a un lien symbolique avec eux.
Cet héritage inopiné l'amène à plonger dans ses souvenirs .....par petites touches nous découvrons sa famille, avec des personnages étonnants et émouvants. L'ambiance de maison ancienne, de jardin et verger, d'été, de petit village perdu d'Allemagne du Nord, de quotidien tragique mais aussi d'amour et d'humour est particulièrement bien rendue. L'écriture et la traduction y sont pour beaucoup.
Iris est aussi amenée à réfléchir sur sa vie, mais surtout sur la mémoire et l'oubli. Bertha, sa grand-mère qui vient de mourir, a en effet perdu tout souvenir depuis bien longtemps. Comment vieillir ou vivre sans mémoire? Quelles implications pour les membres de la famille? C'est la première fois que je rencontre cela dans un roman, c'est un thème qui m'a touché et que j'ai trouvé bien traité, pas de pathos excessif, une observation étonnée et un peu perdue du phénomène, qui ne prend pas toute la place dans la narration car si Bertha a perdu ses souvenirs, Iris les fait revenir.

lundi 8 mars 2010

"Miss Marple au club du mardi" d'Agatha Christie



Miss Marple au club du mardi, d'Agatha Christie, Club des Masques, 1966, 187 p

En écoutant récemment un "2000 ans d'histoire" sur Agatha Christie, j'appris qu'elle était une des seuls auteurs à avoir créé deux personnages de détectives internationalement connus. Hercule Poirot me venait directement en tête, mais je réalisais que je n'avais jamais rencontré Miss Marple. Je cherche donc le premier Miss Marple disponible et l'entame...sans regret !

On est plongé dans "le club du mardi" à l'atmosphère si anglaise où se réunissent amis et connaissances pour partager des mystères auprès du feu. Cela fait un peu penser à l'ambiance du tour d'écrou d'Henry James ou encore aux mille et un fantômes d'Alexandre Dumas, sans le fantastique bien sûr. Je trouve que cette présentation, certes classique, de nouvelles racontées par des personnages lors de soirées est souvent très réussie.

Chacune des sept nouvelles est donc racontée par une personne différente, puis tous les personnages cherchent à résoudre le crime qui a été présenté. Et bien sûr, c'est Miss Marple, vieille dame pastel occupée à tricoter, qui vient à bout de toutes les énigmes. Pleine de malice et de modestie, elle explique son extraordinaire sens de la déduction ainsi : elle a simplement beaucoup observé les petites gens de son village et comme la nature humaine est partout la même...elle transpose !
Aussi sa réflexion sur la disparition d'un pot de crevette lui permet de venir à bout d'énigmes qui laissent cois ses amis retraités de Scotland Yard...

On s'amuse bien, et on a envie de donner à Miss Marple un nouveau rendez-vous!

mardi 2 mars 2010

"De Cape et de Crocs", d'Ayroles et Masbou

Vous aimez les Alexandrins, prisez l'honneur et l'amour? La série "De Cape et de Crocs" est faite pour vous.


Vous pourrez y rencontrer Don Lope de Villalobos y Sangrin, Armand Raynal de Maupertuis et Eusèbe respectivement Loup, Renard et Lapin, qui partis à la recherche d'un trésor vont se retrouver bien plus loin que prévu.
L'aventure mêle les animaux et les hommes, les terriens et les sélénites, les hommes d'honneurs et les scélérats... mais on y trouve aussi de joyeux pirates!

L'ambiance de la commedia dell'arte est très présente dans cette série à la fois riche en théâtre et en coups de théâtre, où le scénario pourtant plein de références classiques est d'une originalité débordante.

Les références littéraires foisonnent au milieu des dialogues hilarants (et parfois en alexandrin) : Molière bien sûr, mais aussi Rostand ou Shakespeare émaillent le texte.

D'un point de vue graphique : les dessins sont originaux, mais c'est surtout au niveau du découpage des plans, du luxe des détails amusants, et du traitement des couleurs que la série détonne.

Cette série est l'une de mes favorites, et j'apprécie énormément le travail d'Ayroles ( également dans ses autres séries, Garulfo et "D"). Certains fans ont construit un site pour présenter la série et les personnages de manière approfondie.

Neuf tomes sont parus ( le 9 en Décembre 2009) et la série en comptera probablement 10 ou 11. Ils sont bien sûr à lire dans l'ordre sous peine de ne pas profiter du tout du scénario.