lundi 31 mai 2010

"Les pilules bleues" de Frederik Peeters

"Les pilules bleues" de Frederik Peeters, Atrabile, 2001, 200p.

Autobiographie d'une relation qui vit au travers du sida, mais sans misérabilisme. Frederik Peeters fait vivre cet extrait de son histoire avec fraicheur, sans niaiserie mais sans non plus éviter les questions douloureuses. C'est aussi la vision d'un homme sur une femme et sur son couple, l'ambiance d'une petite ville de Suisse et de sorties d'adolescence plus ou moins longues.

A lire !

jeudi 27 mai 2010

"Tout est bien qui finit bien" de Shakespeare

Tout est bien qui finit bien de Shakespeare, collection Bouquins,
œuvres complètes Tragicomédie T.1

Etrange pièce :
Hélène, fille d'un médecin décédé vit chez une comtesse qui la considère presque comme sa fille. La comtesse a également un fils, Bertrand -sic-, de tournure agréable etc.
Bien naturellement Hélène est follement amoureuse de Bertrand et ce dernier ne la voit même pas.
Bertrand est appelé à la cour du roi mourant, Hélène le suit à la cour discrètement et décide de proposer une formule miracle inventée par son père pour le remettre sur pied. Le roi guéri lui permet de choisir l'époux de son choix. Mais Bertrand la refuse, et soumit au mariage par le roi, décide de fuir et de ne jamais consommer le mariage. Hélène, loin d'être en colère, s'en veut d'avoir éloigné son amour de sa mère et de la cour et de l'avoir mis en danger -car il est parti au front. Elle décide donc de partir en pèlerinage à pied pour lui donner l'occasion de revenir. Certes.
Comme le hasard fait bien les choses, son pèlerinage la mène au front et elle discute avec une veuve et sa fille Diane. Celle-ci est bien embêtée car un certain Bertrand lui fait une cour assidue et pressante. Petit stratagème : l'épouse malheureuse remplace Diane dans le noir et récupère aussi la bague de la famille au passage. sitôt fait, Bertrand apprend une rumeur comme quoi son épouse est morte, il saute de joie et retourne à la cour où on lui promet un bon nouveau mariage avec une noble cette fois. Mais- pauvre Bertrand- sa femme et Diane le suivent et finissent par révéler sa perfidie devant la cour. Au lieu d'être pendu ou de connaitre un sort misérable, il accepte de se remettre avec sa femme.

Très grivois, même pour du Shakespeare, avec des personnages bien connus de bouffon et de flatteur qui se glissent dans le scénario. Mais "tout est bien qui finit bien" n'a pas de souffle. Et le scénario est vraiment pauvre. Très décevant. Moi qui avait adoré les comédies dans la même collection Bouquins, je me pose maintenant des questions sur les tragicomédies..

"L'ingénue libertine" de Colette

L'ingénue libertine de Colette

L'ingénue libertine, c'est Minne, dont le physique si particulier, les cheveux d'un blond si pur et les yeux si sombres envoutent les hommes qu'elle rencontre- à commencer par son cousin Antoine.

On suit la jeune fille à trois périodes de sa vie : Jeune fille à l'imagination débridée et limite malsaine, qu'elle cache à la perfection à son entourage, à l'exception d'Antoine. Femme de ce dernier et insatisfaite physiquement, à la recherche d'amants lui permettant d'obtenir cette jouissance. Puis à Montecarlo la "résolution de ce drame".

J'aime l'écriture de Colette, mais cela ne suffit pas quand la trame et les personnages sont creux et si peu intéressants. Minne notamment éveille particulièrement peu la sympathie ou même le dégoût ou toute autre sentiment excepté l'ennui.
Colette écrit que cette trame était à l'origine une nouvelle et c'est poussée par ses proches qu'elle l'a transformée en roman. Peut-être n'aurait-elle pas du.

mercredi 19 mai 2010

"L'article de la mort" d'Etienne de Montety


L'article de la mort d'Etienne de Montety, Ed Gallimard, 2009, 296 p.


Moreira, journaliste, est chargé de la rubrique "nécro": il prépare des feuillets prêts à servir en cas de décès de personnalités politiques, de peoples etc...

Il suit un personnage -Charles Elie Sirmont-, figure du bien en politique, homme à l'image trop parfaite, toujours engagé dans diverses missions humanitaires au quatre coins du globe. Cette image semble trop nette, trop orchestrée pour Moreira et il décide de mener l'enquête.

Ce roman transporte au sein du monde des médias, il permet de découvrir son fonctionnement, ses perversités, son vocabulaire, mais aussi les spécificités des rapports entre la presse et l'édition.

La fin est particulièrement bien : surprenante, Moreira perce à jour le secret de Sirmont, ...mais un évènement va l'empêcher de faire sa nécrologie classique....

A conseiller ! Un bon roman, avec un style est plaisant, bien écrit sans être lourd, une intrigue bien menée, et une vision bien informée -l'auteur dirige le figaro littéraire- et agréablement vacharde des médias.

mardi 18 mai 2010

"Camille et Paul : la passion Claudel" de Dominique Bona


Camille et Paul la passion Claudel de Dominique Bona

Ce livre est le récit de deux destins extraordinaires.
Tout deux sont extrêmement précoces : dès 6 et 7 ans l'une fouille la terre pour la modeler l'autre écrit ses premiers textes, vers 13 ans chacun d'eux s'inscrit définitivement dans sa carrière, avec l' appui de leur père qui envoie à Paris la famille, ce que leur mère leur reprochera toujours.

Pour Camille Paris est une libération, c'est la découverte, la participation à des ateliers avec des amis et puis la rencontre avec Rodin.
Pour Paul Paris est une cage infernale, et il ne rêve que de s'échapper, d'où son orientation vers la carrière de consul, pour partir !

Camille et Rodin : une liaison volcanique, Rodin l'aime, elle sera une muse et bien plus, mais il ne parvient pas à quitter sa femme ancien modèle de 50 ans.. ni ses aventures modélisques. Camille après des années de tentatives pour obtenir Rodin pour elle seule, finira par renoncer en coupant les ponts ce qui l'isolera encore davantage. Cependant Rodin reste un ami "dans l'ombre", lui obtenant des commandes et travaillant à sa reconnaissance.
Rodin a certes influencé son style, mais Camille était déjà professionnelle avant, elle a été son élève mais a toujours conservé son propre style.

Débuts de carrières :

Paul : Suite à une brusque révélation de la foi à Paris, Paul veut un temps devenir moine, mais il n'est pas accepté, il restera profondément mystique toute sa vie.
Son premier poste: la Chine, il tombe sous le charme, parcourt le pays dans tous les sens, il est touché par la philosophie taoïste...
S'il n'est pas moine, il veut rester pur, et reste ainsi puceau longtemps....mais ses bonnes résolutions tombent quand il rencontre "Rosie", femme mariée, il vivra avec elle une relation passionnée qui fera grand bruit dans la ville où il travaille ..puisque Rosie s'installe pendant un an chez lui avec ses enfants. Elle finira par l'abondonner lui et le mari d'origine pour un troisième homme.Cette rupture brutale pour Paul, lui inspire encore plus une défiance envers les femmes, il se servira de Rosie pour son personnage d'Ysé dans le Partage de midi. Camille et elle seront à l'origine de quasi tous les personnages féminins de ses oeuvres. Suite à cela, il décide de faire un mariage de raison avec Reine, parfaite femme au foyer chrétienne, qu'il n'aimera jamais vraiment , celle ci lui fait rapidement 5 enfants. Il poursuit sa carrière, en Allemagne, aux Etats-unis, au Brésil au Danemark, au Japon ... les ambiances de ces différents pays lui inspireront des écrits.

Camille ne parvenant pas à obtenir Rodin pour elle seule, finit par couper tout contact avec lui. Ce dernier essayera pourtant longtemps de la faire revenir puis simplement de l'aider, souvent anonymement, car Camille traquée par des soucis financiers et isolée volontairement va peut à peu développer une paranoïa de la persécution à son égard. Elle imagine que Rodin et ses amis veulent la détruire, l'empoisonner, qu'ils envoient des espions chez elle lui voler ses idées.. Elle sombre en parallèle dans un laisser aller général, ne se lavant plus, cassant ses œuvres les moins réussies dans des moments de furie.

Un tournant : la mort du père

Camille était aidée financièrement par la famille, même si elle était reconnue comme artiste par ses pairs et obtenait des commandes, elle ne parvenait pas à en vivre. Sa paranoïa de plus en plus impressionnante la coupait également de la vie normale. Tout le monde était conscient des problèmes psychologiques qu'elle rencontrait, la question de l'asile était dans l'air, mais son père s'y opposait. Après sa mort, sa mère et Paul signent l'autorisation de placement en asile.
Personne ne peut ou ne veut s'occuper de Camille, qui est pourtant encore à cette période aurait pu être "sauvée" par un environnement stable, amical, confortable... Car mis à part sa paranoia envers Rodin, Camille est lucide elle a conservé son intelligence et son sens de l'humour.
Face aux conditions de vie en asile, même en" première classe"; elle n'aura de cesse de demander à sa mère puis à son frère de la laisser sortir, en vain. Elle va passer 30 années enfermée, isolée sans même avoir le droit d'échanger du courrier hors sa famille. (car sa mère redoute un scandale)
Elle ne sculpte plus, ne touche plus une fois à la terre, et attend inlassablement la fin de son calvaire..
Sa mère est responsable de son isolement, c'est elle qui insistera pour qu'il soit impossible de lui envoyer du courrier, sa fille est pour elle"parée de tous les vices", elle en a peur, elle ne l'a jamais vraiment aimé, contrairement à son autre fille Louise...mais elle lui enverra des colis alimentaires jusqu'à sa mort.

L'indifférence de Paul

Paul, après la fin de sa carrière continue d'écrire, ce sera le temps de la reconnaissance, avec une adaptation triomphale au théâtre d'une de ses œuvres, il est nommé académicien etc. Il vit douillettement dans un château avec sa femme et souvent sa grande famille qui se réunit.
Il vieillit, a des problème d'anémie... mais hors des visites biannuelles il ne fait pas grand chose pour Camille. Pourquoi l'a-t-il laissé ?
la peur d'être contaminé par sa folie? un dégout, une vengeance inconsciente de l'abandon de Camille quand il était adolescent et qu'elle prenait son envol vers le monde de la sculpture et Rodin..? ou peut-être simplement de l'égoïsme, confit dans la reconnaissance et dans les honneurs, face à cette grande sœur autrefois si puissante et dont la vie est "un échec complet" selon ses mots alors qu'elle avait "tant de dons de dieu"... Paul semble considérer sa sœur responsable de son malheur, ce qui n'est pas tout à fait faux, mais la peine est sans commune mesure avec sa "faute".
Son jugement d'échec est démenti par l'histoire qui a restauré la place de Camille dans la sculpture, son talent et son originalité sont aujourd'hui reconnus, et on ne peut que regretter son arrêt brutal du métier, et sa fin tragique.

A conseiller : à tout ceux qui s'intéressent à l'œuvre de Camille ou de Paul, à la sculpture ou même simplement à des vies passionnées.

mardi 11 mai 2010

"Mal de pierres" de Milena Agus


"Mal de pierres" de Milena Agus, Ed Liana Lévi, 2007, 123p.

Une femme sarde souffre de calculs rénaux, qui l'empêchent d'avoir des enfants, mais c'est le moindre de ses maux, car on murmure qu'elle est folle.

C'est pour ça que ses parents l'ont donné au premier homme qui a demandé sa main, non par amour mais par reconnaissance pour leur hospitalité durant la guerre.

Ils forment un couple étrange, sans amour mais pas sans tendresse.

Après une cure dans une station thermale, où elle rencontre un homme qui la marquera toute sa vie, un "rescapé" de la guerre, elle mène enfin une grossesse à son terme.

L'enfant est un garçon, futur musicien de talent international, et père de la narratrice.

Ce court roman interroge le rapport à la réalité et à la fiction mais sans grande inspiration, l'écriture est cependant étonnante, directe et précise, mais pas exceptionnelle.

Je pense que ce récit n'aurait pas supporté d'être plus long.
A conseiller aux expérimentateurs qui ont un peu de temps.

jeudi 6 mai 2010

"L'extraordinaire histoire de Fatima Monsour" de Joanne et Gerry Dryansky



"L'extraordinaire histoire de Fatima Monsour" de Joanne et Gerry Dryansky, Héloise d'Ormesson, 2009, 333p.

A Paris, une vieille comtesse se voit brutalement privée des services de sa femme de chambre. Cherchant à la remplacer et à faire quelque chose en sa mémoire, elle décide d'engager sa sœur, Fatima Monsour, qu'elle fait venir de Djerba.

La roue tourne-t-elle pour Fatima la malchanceuse, répudiée par correspondance par son mari?

C'est surtout le début des ses aventures sur Paris... l'occasion de voir un choc des cultures finement amené.

Le scénario n'est pas "extraordinaire", ce qui l'est en revanche c'est l'effet de ce petit roman : un remède contre la morosité, on sourit et on se sent bien quand on le lit !
Les personnages sont attachants et l'écriture est fine, sans lourdeur.


A conseiller pour une bouffé d'air, une détente et de la bonne humeur, notamment pour les parisiens.
A déconseiller bien sûr aux amateurs exclusifs de livres "sérieux"

"Intrigue à l'anglaise" d'Adrien Goetz



"Intrigue à l'anglaise" d' Adrien Goetz, Le livre de poche,2008 , 314p

Pénélope, jeune lauréate du difficile concours des conservateurs du patrimoine, est nommée adjointe au musée de Bayeux, chargée d'assister la directrice pour veiller sur la fameuse tapisserie. Las cela n'enchante pas une férue de civilisation Égyptienne-et plus spécialement Copte- bien enracinée à Paris et visant le département spécialisé du Louvre.

Tout se complique rapidement avec la tentative d'assassinat de la "pauvre Solange", directrice de son état, le vol d'une mystérieuse enchère, et l'apparition de fins alternatives à la tapisserie.

Quelles utilisations politiques (actuelles, mais aussi lors de l'époque de la dernière guerre ou encore au temps de Napoléon) pour cette tapisserie?

Pénélope doit donc mener l'enquête, entre Paris et Bayeux voir jusqu'aux frontières de l'Angleterre. Le récit est plein d'humour et se lit très rapidement, on est vite pris dans cette intrigue à l'anglaise, légère et acidulée.


lundi 3 mai 2010

"Notes T.4 : Songe est Mensonge", Boulet



Notes Tome 4 : Songe est mensonge, Boulet, Delcourt, 190p

4ème Tome de son célébrissime blog, Boulet a choisi le thème du rêve et de l'imaginaire comme fil rouge à travers ce recueil de notes pour la période 2007-2008.

On y trouve des réflexions diverses sur le pseudo-monde imaginaire des enfants, et bien sûr sur la différence et les liens entre réalité et fiction.

Les notes sont variées, bien dessinées, et toujours drôles (avec une mention spéciale pour "fiscale fantasy" et "les publicitaires et le surimi")

Les précédents tomes ( 3. La viande c'est la force, 2. Le petit théâtre de la rue, 1. Born to be a larve) sont à lire également d'urgence !