dimanche 6 juin 2010

"Cité de verre" de Paul Auster


Cité de verre de Paul Auster, premier roman de la trilogie New-yorkaise, Babel, 1991

Grande rencontre avec Monsieur Auster avec Cité de verre.
On plonge littéralement dans ce roman. On s'amuse à établir des parallèles, à reconnaître des clins d'œil.
Par exemple on pense à Borges avec le jeu d'illusions que met en place Auster, entre le "vrai" et l'irréel, mais aussi avec les multiples références culturelles (Héraclite...), cependant c'est un peu moins "labyrinthique", il y a plus de narration. Le jeu est ici au service de l'histoire.
On pense aussi à Lewis Carroll ou à Cervantès.
Paul Auster, écrivain lui-même, est présent comme personnage, mais tous les personnages sont son double et tout particulièrement Quinn.

Dans la première partie : l'écrivain joue au détective, il rencontre deux "fous"(ou trois?) qui lui confient une mission. Un adulte, handicapé-traumatisé, et sa femme qui lui demande une protection car le père de ce dernier va sortir de prison où il se trouvait pour avoir enfermé son fils durant de longues années coupé de tout contact. Ses observations sont notées dans un cahier rouge. Il cherche à comprendre le mystère du père. Il y a une réflexion sur le langage qui remonte jusqu'à Babel, et à un éventuel langage divin. Dans l'optique de retrouver le langage originel, des expériences sur des enfants sont analysées et ...reproduites.

Dans une deuxième partie : Quinn sombre. Il devient "fou" lui aussi. Il ne cherche plus à comprendre, et se détache de plus en plus de son ancien moi. On assiste à une dépossession à la fois matérielle et psychique lors d'un guet inutile qu'il mène durant des mois devant une maison dans l'optique de protèger ses habitants (qui ne se trouvent plus là). Il devient SDF. Quand il comprend qu'il n'y a personne, il n'y pas de machine arrière possible. Il est entretenu dans la maison vide où on lui fait mystérieusement parvenir de la nourriture. Il a perdu tout réflexe humain, sauf l'écriture. La seule question qu'il se pose est celle de la fin du cahier rouge.

Les personnages sont intenses. L'écriture est efficace. On est vraiment embarqué dans l'histoire et dans cette réflexion. On lit d'une traite, pris, même lors des divagations des personnages. Étonnant et Détonnant.