jeudi 3 juin 2010

"Le parfum d'Adam" de Jean-Christophe Rufin

"Le parfum d'Adam" de Jean-Christophe Rufin, Flammarion, 2007, 538p.

Construit comme un roman d'espionnage, le parfum d'Adam tente de faire dans l'original par la nature de la menace : l'écologisme radical.

L'auteur, pourtant documenté- comme le montre une postface pleine de l'ambition de faire le tour du sujet - semble singulièrement caricatural dans ce domaine.

Il a écrit ce livre pour médiatiser la menace des écolos radicaux. Noble but, il est vrai que des mouvements violents existent chez les écolos et que les mesures extrémistes sont à combattre.

Emprunt d'un souci didactique, il nous explique ensuite la différence entre le bon écolo et le mauvais écolo. C'est là personnellement que ça se gâte : les bons écolos ont vision humaniste "restaurons la nature pour l'homme " et les mauvais écolos, les cinglés, sont anti-humanistes (bien sûr) et pour eux l'homme n'est qu'une espèce parmi d'autres et ne devrait pas avoir tant de droit sur la nature etc. Dans le livre ces écolos là pensent directement à tuer des gens pour soulager mère planète et bien sûr ils prennent pour cible des pauvres, qui n'arrêtent pas de faire des enfants que dame nature ne peut plus nourrir, histoire que ce soit encore plus révoltant.

Bref considérer que l'homme est bien une espèce parmi d'autre, et que son pouvoir destructeur devrait être contrôlé, amène automatiquement à l'envie d'une épuration de masse. Je m'inquiète.

Mais passons, revenons à "l'oeuvre" d'un point de vue littéraire :

Les personnages sont stéréotypés comme je l'ai rarement vu, il y a un héros (médecin et ex espion, comme l'auteur...) et une héroïne d'une beauté " étourdissante" (femme au foyer et ex espionne), tout cela à de forts relents d'harlequin. Comme les personnages secondaires, ils n'ont pas vraiment de liens avec d'autres personnes, rien n'influe sur leurs décisions à part eux mêmes (et les méchants).

Barbie et Ken, heu pardon Paul et Kerry, reforment leur équipe d'antan pour une nouvelle mission de lutte contre le terrorisme, mais cette fois ci ils travaillent pour un organisme privé, Providence. Bien entendu ils ont une aventure ensemble, due aux moments magiques de leur mission. Ce n'est pas là dessus que l'on sera surpris. On entend l'auteur fantasmer à plein régime.

Au niveau du scénario, l'intrigue est un peu longue à se mettre en place et on devine la fin bien avant la fin du livre.

Bref un roman manichéen , qui décrit bien les difficultés liées au monde des services secrets, mais sans trop de suspens, et pas très bien écrit. Je le déconseille.